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Protégé : Sommaire des Cahiers Segalen 2021

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Sophie Guermès et Philippe Postel, Victor Segalen en toutes lettres

Cahiers Victor Segalen, n° 4, Traces alternées de Victor Segalen. Une exploration de sa correspondance (1893-1919)

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Victor Segalen en toutes lettres

Sophie Guermès et Philippe Postel

Né à Brest, poursuivant ses études à Bordeaux, passant par Paris et Toulon, parcourant la Polynésie puis la Chine, traversant Djibouti, puis une partie de la Russie, Victor Segalen, médecin de la marine devenu écrivain, a laissé une correspondance abondante, monument littéraire de près de 3000 pages. C’est lui que le Centre d’étude des correspondances et journaux intimes de l’université de Bretagne occidentale s’est proposé de visiter, à l’occasion des commémorations du centième anniversaire de sa mort, survenue dans la forêt de Huelgoat le 21 mai 1919, dans le cadre du colloque « Les “traces alternées” de Victor Segalen : une exploration de sa correspondance (1893-1919), organisé par Sophie Guermès à Brest les 21 et 22 mai 2019.

En raison de ses nombreux et longs voyages, Segalen a souvent régné « par l’étonnant pouvoir de l’absence » auprès de sa famille et de ses amis. Certaines de ses lettres tiennent de la chronique et relatent sa vie itinérante, d’autres portent en germe un projet littéraire. Quelle place la correspondance de Segalen tient-elle dans l’économie générale de son œuvre ? L’intense activité épistolaire de l’écrivain s’est déployée sur une période assez brève, et dans un cercle restreint, mais si les correspondants sont restés peu nombreux, les tonalités ont varié, à l’instar des lieux découverts. Les échanges de Segalen avec de nombreux destinataires, les approches thématiques mais aussi stylistiques des lettres, l’analyse de leur rhétorique, de leur poétique, de leur rythme, de l’humour qu’elles contiennent parfois, témoignent de la polyphonie segalénienne.

La correspondance est tout d’abord le témoin des expériences de Victor Segalen. La Chine est évidemment au premier plan de ces lettres. Pays rêvé, elle devient réelle quand Segalen s’y rend, l’explore, y revient. Dans deux premières contributions, les jeunes chercheuses Guochuan Zhang et Bie Zhi s’emploient à analyser la réception de la Chine à travers la correspondance. Selon Guochang Zhang, la « méconnaissance » relative de la Chine donne lieu à des œuvres originales, qui élaborent une « vision » (lettre à Debussy, 6 janvier 1911) ainsi qu’une pensée, où jouent avant tout les oppositions et les contrastes. S’appuyant sur les Lettres de Chine (lettres à sa femme Yvonne, publiées une première fois en 1967 chez Plon, et traduites en chinois par Zou Yan en 2006), Bie Zhi révèle que la Chine de Segalen ne cesse d’être mystérieuse, suscitant la curiosité passionnée du voyageur fasciné par le « Divers ». Philippe Postel analyse un exemple de réception créatrice à travers un recueil que le poète chinois Pang Pei a conçu et réalisé à partir de ces mêmes lettres de 1909 et 1910, adressées à son épouse : ainsi s’opère une véritable rencontre à travers l’écriture poétique.

La correspondance est également le témoin des crises que Segalen a pu traverser à certains moments clefs de sa vie. Sophie Guermès analyse le cheminement religieux suivi par le jeune Segalen lors de son séjour à Bordeaux : l’empreinte de l’éducation catholique, très présente, n’empêche pas un processus d’émancipation, voire un mouvement de révolte vis-à-vis de la foi et de la pratique religieuse. Au terme de sa courte vie, Segalen connaît une autre crise majeure : celle de la Grande Guerre en 1917 et 1918, que précise et analyse Colette Camelin : comment l’homme et le poète traversent-ils cette expérience de solitude et de chaos ?

Les lettres sont aussi souvent la matrice des textes littéraires à venir : la correspondance fonctionne comme un laboratoire de la création. Trois œuvres de Segalen sont ainsi examinées à la lumière de la correspondance. Sophie Gondolle étudie le parcours des Immémoriaux, depuis sa conception jusqu’à sa réception, en passant par sa réalisation, en analysant très précisément les lettres qui s’y rapportent. Jean Balcou retrace la genèse d’Orphée-Roi à partir de la nouvelle Dans un monde sonore, puis à travers la collaboration avec Claude Debussy, en se fondant notamment sur le manuscrit du livret offert par Annie Joly-Segalen à la ville de Brest en 1963. Enfin, Sophie Labatut adopte quant à elle une approche stylistique, pour étudier la forme épistolaire dans le roman René Leys, en intégrant notamment dans son analyse les lettres de Maurice Roy.

La correspondance de Segalen permet aussi de préciser certaines thématiques présentes dans son œuvre proprement dite. Odile Hamot étudie une lettre adressée à Saint-Pol-Roux (le 1er novembre 1904), portant sur son séjour à Batavia, mais qu’elle replace dans un large réseau de lettres qui résonnent avec elle, afin de retracer, dans ses prémices, la conception segalénienne de l’exotisme, telle qu’elle sera développée dans l’Essai par la suite. En s’appuyant sur la correspondance mais aussi sur la nouvelle La Tête, Ian Fookes met en lumière le réseau d’amis sur lequel s’appuie l’exote Segalen, qui n’apparaît donc plus l’être altier qu’il a pu construire à travers certains de ses écrits. Mireille Privat, enfin, propose une étude de la dimension scientifique dont témoigne la correspondance : le contexte des débats scientifiques du tournant des XIXe et XXe siècles éclaire la façon dont la science nourrit l’œuvre et la pensée de Segalen.

Pour finir, Marie Dollé, pratiquant un « pas de côté », analyse la correspondance sous le signe de l’humour, que le lecteur perçoit en effet à tout moment, révélant ainsi une facette moins connue mais significative de Segalen.

Ce numéro des Cahiers Victor Segalen montre ainsi que la correspondance de Segalen non seulement permet d’éclairer l’homme et son œuvre, mais constitue en soi un œuvre à part entière, que l’on peut lire dans son intégralité ou choisir de feuilleter, notamment dans le beau volume réalisé par Dominique Lelong et Mauricette Berne (Lettres d’une vie), dont Dominique Gournay propose un compte rendu.

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Thèse de Ouchari Said

 

Monsieur Ouchari Said a soutenu une thèse de doctorat le 23 décembre 2022 à la Faculté des lettres et des sciences humaines-Université Moulay Ismail-Meknès (Maroc), dont le titre est :

La réception critique des fictions de Victor Segalen

Les membres du jury étaient :

  • M. Mohamed LEHDAHDA,  Professeur d’enseignement supérieur, Université Moulay Ismaïl, Meknès (directeur de thèse)
  • M. Abdeljalil EL KADIM,  Professeur habilité, Université Moulay Ismaïl, Meknès
  • M. Fouad MEHDI,  Professeur d’enseignement supérieur, Université Moulay Ismaïl, Meknès
  • M. Mohammed DKHISSI,  Professeur de l’enseignement supérieur, Université Moulay Ismaïl, Meknès
  • M. Abderrahim KAMAL,  Professeur d’enseignement supérieur, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah

En voici le résumé fourni par M. Said :

La présente thèse est consacrée à la réception de l’œuvre de Victor Segalen, plus précisément ses fictions polynésiennes. Elle s’articule en trois temps. D’abord, il s’agit de s’interroger sur les conditions de réception de l’œuvre dans son intégralité, de façon à démontrer comment cette dernière est passée de l’oubli scandaleux à l’hagiographie édifiante selon les propos d’Alain Quella-Villéger. Ensuite, nous nous attardons sur la réception des fictions du cycle polynésien pour dégager les différentes lectures : les thèmes récurrents, les approches d’analyse. Enfin, l’accent sera mis sur la réception des concepts émergés dans la théorie de l’exotisme et présidé à l’élaboration des œuvres de notre corpus.