Disparu prématurément à l’âge de quarante-et-un ans, Victor Segalen, médecin de la marine, voyageur, archéologue, écrivain, a laissé une œuvre abondante, en grande partie inédite à sa mort et guère publiée pendant les trente années qui l’ont suivie. Elle a été mise en valeur à partir des années soixante grâce à de nouvelles éditions. La publication de Stèles, Peintures, Équipée, textes réunis et établis par Annie Joly-Segalen, avec un avant-propos de Pierre Jean Jouve (Club du meilleur livre) en 1955 et 1970, des Œuvres complètes en 1995 (« Bouquins », Robert Laffont) et de sa correspondance en 2004 (Fayard) permet d’en saisir l’ampleur et la diversité.
Esprit libre, attiré par les lointains dans l’espace comme dans le temps, Segalen s’est plu à diverses expériences vitales, intellectuelles et artistiques : parti de Bretagne, il a beaucoup voyagé, en Polynésie et surtout en Chine. Il a exercé, simultanément, plusieurs métiers : médecin, écrivain, sinologue, explorateur, archéologue. Ses réflexions originales sur le « Divers » et « L’Exotisme », situées dans la mondialisation issue du XIXe siècle, peuvent éclairer celle du XXIe siècle. Son expérience de la Polynésie et de l’Asie est à l’origine de la notion d’Exotisme qu’il définit comme une éthique et une esthétique. Le travail artistique est inséparable d’un art de vivre : c’est grâce à l’intensification des sensations « diverses » que la création artistique peut avoir lieu et, réciproquement, l’énergie créatrice rend la vie « savoureuse ». Revenant sur son parcours en 1917, Segalen écrit : « cherchant d’instinct l’Exotisme, j’avais donc cherché l’Intensité, donc la Puissance, donc la Vie » (Essai sur l’Exotisme).
La variété de ses textes, écrits en moins de vingt ans, au milieu de ses multiples activités, est surprenante : du roman ethnographique (Les Immémoriaux) aux recueils de poèmes en versets (Stèles, Odes, Thibet) et en prose (Peintures), des nouvelles (Imaginaires) aux récits de voyage (Briques et tuiles, Feuilles de route, Équipée), des romans (Le Maître-du-jouir, Le Fils du Ciel, René Leys) aux essais (De l’Exotisme comme une esthétique du Divers, Le Double Rimbaud), de pièces de théâtre (Siddhârta, Orphée-Roi, Le Combat pour le sol) aux travaux d’archéologie (Chine. La grande statuaire).
« Vie dont la plénitude compense la brièveté, comme si le destin, sachant les jours de Segalen avarement comptés, avait voulu lui permettre de réussir aussitôt dans toutes ses entreprises. Car, nature d’exception à l’incomparable richesse, il aura, dans tous les domaines, laissé des travaux dont chacun eût suffi à perpétuer sa mémoire » écrit le grand orientaliste René Grousset.
Située au carrefour de plusieurs cultures et de plusieurs disciplines, fortement novatrice en matière de formes et d’idées, son œuvre n’a cessé, depuis un siècle, de susciter l’intérêt de critiques littéraires, d’ethnologues, de philosophes et d’artistes.
Colette Camelin
1878 Naissance à Brest, le 14 janvier, de Victor, Joseph, Ambroise, Désiré Segalen. Son père, lui-même né en 1849, est instituteur. Il deviendra « écrivain du commissariat de la marine ». Sa mère, Marie Ambroisine Lalance, est également institutrice. Paris accueille une exposition universelle. Zola publie Une page d’amour ; Nietzsche, Humain, trop humain. Mallarmé a 36 ans ; Rimbaud, 24 ; Claudel, 10. Brahms achève son Concerto pour violon.
1888 V.S. au collège des jésuites de Brest, dit « Notre-Dame du Bon-Secours ». Initiation à la musique avec ses cousins Lossouarn. Du côté de sa mère, la branche Cras comprend Charles, qui deviendra médecin de la Marine, et Jean, futur amiral et compositeur de renom. À Bon-Secours, il rencontre Émile Mignard, Henry Manceron, Jean O’Neill et Max Prat qui resteront des amis fidèles.
1893 Échec au baccalauréat.
1894 Baccalauréat mention Assez Bien. Il entre au lycée de Brest en classe de philo. Reçu à la deuxième partie du baccalauréat avec la mention Très Bien.
1895 À la faculté des sciences de Rennes pour l’année de PCN. Sa mère et sa sœur s’installent avec lui à Rennes.
1896 Reçu premier au PCN sur cinquante-neuf. Retour à Brest, à l’École annexe de médecine navale. Prépare le concours d’entrée à l’École de santé navale de Bordeaux.
1897 Échec au concours. Retourne à Brest pour une nouvelle année de préparation. Avec son ami Émile Mignard, longues randonnées à bicyclette à travers la Bretagne.
1898 Reçu deuxième à l’École de santé navale de Bordeaux. Installation à Bordeaux. S’intéresse beaucoup à la littérature et à la musique.
1899 Sa mère, ayant appris son amourette avec Marie Gailhac, jeune fille de dix-neuf ans, manifeste une forte opposition. Premiers troubles nerveux. Ambroisine Segalen vient à Bordeaux et rencontre l’abbé Lelièvre, aumônier de l’École et informateur des parents. Chez l’abbé Lelièvre, V.S. rencontre le père bénédictin de l’abbaye de Solesmes, dom Thomasson de Gournay, ami de Huysmans. Il recommande le jeune homme à Huysmans, qui le reçoit à Ligugé le 1er août. Randonnée à bicyclette en Bretagne avec Mignard. V.S. tient le journal de ces promenades dans A dreuz an arvor. À Bordeaux, début de liaison avec Xavière Lonca, dite Saviéra.
1900 La liaison avec Savéria prend de l’importance. Plusieurs séjours à Ligugé et à Solesmes. Malaises que V.S. reconnaît caractéristiques de la « neurasthénie ». En novembre, grave dépression nerveuse. Il se fait mettre en congé de maladie. V.S. avoue à ses parents qu’il a de nombreuses dettes.
1901 Janvier : retourne à Bordeaux accompagné de sa mère et de sa sœur Jeanne. Elles resteront jusqu’en avril. Aussitôt après leur départ, il renoue avec Savéria. Rencontre le poète Saint-Pol-Roux. Première expérience de l’opium qui sera suivie de beaucoup d’autres, en Océanie et en Chine. Travaille à sa thèse de médecine. Il rencontre de nombreuses personnalités médicales et surtout littéraires à Paris. Remy de Gourmont l’accueille et l’introduira dans le milieu du Mercure de France.
1902 29 janvier : V.S. soutient sa thèse intitulée L’Observation médicale chez les écrivains naturalistes. Sous une autre présentation, sur grand papier, elle portait le titre sous lequel elle est aujourd’hui publiée : Les Cliniciens ès Lettres. Avril : « Les Synesthésies et l’école symboliste » paraît au Mercure de France. Il s’agit d’un fragment détaché de la thèse. Octobre : il s’embarque au Havre pour Tahiti sur la Touraine. Arrivée à New-York. Assiste au congrès d’archéologie américaine à la suggestion du Pr. Lejeal, rencontré sur le bateau. Pendant une nuit d’insomnie à New-York, il écrit son premier poème en prose, « La Tablature ». À San Francisco, V.S. est atteint de la fièvre typhoïde. Se juge assez gravement atteint pour se confesser. Convalescence d’un mois à San Francisco. Il en profite pour découvrir le quartier chinois.
1903 23 janvier : arrivée à Tahiti. Tournée à bord de la Durance pour porter secours aux sinistrés du cyclone qui s’était abattu sur l’archipel des Tuamotu, du 11 au 17 janvier. À la demande du gouverneur Petit, V.S. entreprend d’écrire un rapport sur le désastre. Le texte « Vers les sinistrés » paraîtra le 17 avril dans la revue Armée et Marine. Bonheur sous les tropiques avec son « épouse polynésienne », Maraéa. En février, se dessine l’idée des Immémoriaux. Mai : mort de Gauguin. Arrivé à Nuku-Hiva, capitale administrative des Marquises, au début du mois d’août, où V.S. examine de nombreux textes écrits et recopiés par le peintre. Rencontre des témoins de la vie de Gauguin, dont le fidèle Tioka. En septembre, deuxième vente aux enchères des biens de Gauguin. V.S. achète sept toiles, dont le Village breton sous la neige, quatre des panneaux de bois sculpté, des carnets, la palette du peintre …
1904 V.S. travaille à ce qui sera Les Immémoriaux. Juin : « Gauguin dans son dernier décor » paraît au Mercure de France. De septembre à février 1905, retour en France à bord de la Durance. Escale à Ceylan où V.S. s’initie au bouddhisme. Escale à Djibouti : souvenir de Rimbaud ; V.S. commence son étude sur Rimbaud.
1905 Épouse Yvonne Hébert, fille d’un médecin de Brest. Travaillant à son étude sur Rimbaud, rencontre Isabelle Rimbaud et Paterne Berrichon. Grâce à Charles Bargone (alias Claude Farrère), il rencontre Auguste Gilbert de Voisins. S’installe à Brest.
1906 V.S. écrit Pensers païens en même temps qu’il se consacre à la rédaction des Immémoriaux. Avril : naissance d’Yvon. Le lendemain, « Le Double Rimbaud » paraît au Mercure de France. Début de relations épistolaires avec Jules de Gaultier. Se présente à Claude Debussy pour lui soumettre l’idée d’un opéra sur son Siddhârtha.
1907 « Dans un monde sonore » paraît au Mercure de France sous la signature de Max-Anély. Debussy décline la proposition de composer sur Siddhârtha. Il suggère à V.S. de traiter le mythe d’Orphée. Tous deux commencent à collaborer à ce projet. Septembre : sortie des Immémoriaux, publié à compte d’auteur, sous la signature de Max-Anély. Octobre : « Voix mortes : musique maori » dans le Mercure musical. V.S. songe à écrire une sorte d’épopée, Le Maître-du-Jouir, dont le héros serait Gauguin. Décembre : à Paris, il visite longuement le musée Gustave-Moreau.
1908 V.S. commence à envisager de se faire affecter en Extrême-Orient. Il se met à l’étude du chinois. Installé à Paris, il suit les cours de Vissière à l’École des langues orientales, et de Chavannes au Collège de France.
1909 V.S., reçu à son examen d’élève-interprète de la marine, obtient un détachement en Chine sans autre obligation que de se perfectionner dans la langue chinoise. Le 25 avril, il s’embarque seul pour la Chine à Marseille sur le paquebot Sydney. Auguste Gilbert de Voisins doit le retrouver plus tard à Pékin. Escale à Colombo, où il évoque le texte de Claudel sur Ceylan, dans Connaissance de l’Est. Le 12 juin, il arrive à Pékin. Le 15, visite au Consulat de France à Tianjin où il rencontre Claudel. Gilbert de Voisins ayant rejoint Pékin, les deux amis partent le 9 août vers le sud-ouest, en direction de Baoding. L’expédition, dont les lettres presque quotidiennes adressées à Yvonne fournissent un compte-rendu détaillé, les conduira à travers les provinces du Shansi et du Shaanxi jusqu’au Sichuan. À la mi-décembre, ils s’embarquent sur une jonque pour descendre le Yangzi. À Chongqing, ils rencontrent Jean Lartigue, jeune officier à bord du Doudart de Lagrée et futur membre de l’expédition de 1914. De son expérience fluviale, V.S. tire le très beau texte qui deviendra Le Grand Fleuve. Ils arrivent le 28 janvier à Shanghai. Chemin faisant, les projets d’écriture se multiplient. La veille du départ (le 8 août) est née l’idée du Fils du Ciel. En septembre, il annonce l’avancée d’une nouvelle, « La Tête », destinée à figurer dans un ensemble intitulé Imaginaires, cependant qu’au fil des journées de voyage, il accumule « un amalgame de fragments, de proses, d’inventions » réunis sous le titre de Briques et tuiles.
1910 Début février, V.S. et Auguste Gilbert de Voisins s’embarquent pour le Japon. Visitent Nagasaki, Kobe, Osaka, Kyoto et Tokyo. Ayant retrouvé sa femme et son fils à Hong-Kong, V.S. séjourne avec eux à Pékin. En juin, rencontre de Maurice Roy, fils du Directeur de la poste française de Pékin. Agé de dix-neuf ans et complètement bilingue, celui-ci donne à V.S. mille détails sur la Cité interdite et sur la famille impériale. Les Annales secrètes d’après MR et le roman René Leys sont fondés sur les révélations rocambolesques de ce personnage. Septembre : rédaction de la première stèle, « Empreinte ».
1911 Le stage d’élève-interprète arrive à expiration. V.S. succède au docteur Gérald Mesny qui vient de mourir en luttant contre une épidémie de peste en Mandchourie. Mai : fin de l’épidémie. V.S. s’installe avec sa famille à Tianjin. Cours à l’Imperial Medical College. Octobre : V.S. prend parti pour le maintien de l’Empire et retourne à Pékin avec sa famille, malgré la révolution.
1912 Août : composition de Stèles sur les presses du Pei-T’ang. Tirage à 81 exemplaires, plus un certain nombre (environ 200) sur vélin parcheminé. Travail à la rédaction du Fils du Ciel, et amorce ce qui deviendra Peintures et Odes. Naissance d’Annie. Octobre : V.S. accepte de devenir le médecin chargé de soigner le fils de Yuan Shikai. Projet d’une fondation sinologique française à Pékin.
1913 V.S. entreprend de refaire Le Repos du septième jour de Claudel. C’est le début du Combat pour le sol. Le système de La lettre commencé au début de l’année fonctionne avec les contributions de Bons d’Anty, Charles de Polignac, Albert Erlande et Pierre d’Ythurbide. Mars : il quitte son poste et retourne à Pékin, puis à Tianjin où il reprend ses cours à l’Imperial Medical College. Du 5 juillet au 17 octobre : V.S. rentre seul en France. Gilbert de Voisins lui propose de faire une nouvelle expédition en Chine. Diverses démarches auprès des sinologues Cordier et Chavannes, de Jacques Doucet, du Ministère des Affaires étrangères, pour préparer la nouvelle expédition, cette fois officielle. Octobre : départ pour la Chine avec Gilbert de Voisins et Suzanne Hébert, sœur cadette d’Yvonne. Arrivée le 1er novembre à Tianjin, une demi-heure après la naissance de Ronan. Novembre : départ pour Pékin avec Gilbert de Voisins pour préparer l’expédition archéologique et la publication des trois premiers titres de la « Collection coréenne » commanditée par l’éditeur Crès : nouvelle édition de Stèles, Connaissance de l’Est, L’Histoire d’Aladin et de la Lampe merveilleuse. Travaille également au roman qui deviendra René Leys.
1914 1er février : départ de l’expédition archéologique. Visite aux grottes bouddhistes de Longmen. Découverte de l’emplacement de la tombe de l’empereur Shihuang, sur le site où soixante ans plus tard on fera la plus grande découverte archéologique du siècle. Mars : découverte du Cheval piétinant un Barbare sur la tombe de Huo Quping, la plus ancienne sculpture monumentale connue en Chine. Mai : projet d’Équipée. Août : nouvelle du déclenchement de la guerre en Europe. Segalen, Voisins et Lartigue renoncent à gagner le Tibet. Ils rejoignent Hanoï où les retrouve Yvonne Segalen. Départ pour la France sur le Paul Lecat. Octobre : V.S. à l’hôpital de Rochefort. À la fin du mois, séjour à Bordeaux où il rencontre au cours d’un déjeuner Claudel et Alexis Leger. Novembre : V.S. affecté à l’hôpital de Brest.
1915 Mai : V.S. affecté à la brigade des fusiliers marins de l’amiral Ronarc’h, à Dixmude. Juillet : hospitalisé à Zuydcoote pour une gastrite aiguë. Octobre : affecté à l’hôpital maritime de Brest pour des tâches administratives.
1916 Travaille aux projets du Fils du Ciel et à René Leys. Mai : à Paris où il revoit Debussy, Monfreid, Voisins, Polignac, Laloy, Edmond Jaloux et Giraudoux. Juin : dernière lettre de Debussy qui renonce à Orphée. Achevé d’imprimer de Peintures chez Crès.
1917 V.S. est nommé Médecin militaire chargé d’examiner des volontaires chinois destinés à travailler dans les usines d’armement françaises. Voyage par Londres, la Suède, Petrograd où il reste une dizaine de jours, peu avant le déclenchement de la révolution. Février : arrivée à Tianjin. Mars : à Nankin, V.S. corrige les épreuves de l’Hommage à Gauguin. Recrutement des travailleurs chinois. Étude sur la grande statuaire de Liang. Visite aux « chimères » des environs de Nankin. À Shanghai, visite au tombeau du fils du « roi de Wou ». V.S. commence à concevoir un essai sur la grande statuaire chinoise. Juin : retour à Pékin. Alexis Leger également à Pékin à ce moment-là. Juillet : V.S. quitte Pékin pour la dernière fois. À Hanoï, il commence à concevoir son poème Thibet. Retour à Shanghai où il embarque les travailleurs chinois pour Marseille, sur le Warimoo.
1918 V.S. arrive le 2 mars à Marseille. À Brest pour un congé d’un mois prolongé par quatre semaines de congé de maladie. Il rencontre Hélène Hilpert, amie d’enfance de sa femme. Mai-juillet : installation à Paris pour un stage à l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce. En juin, congé de deux semaines au Cap Coz avec sa femme et Hélène Hilpert. V.S. nommé chef du service de dermatologie et de vénérologie à l’hôpital maritime de Brest. Septembre : épidémie de grippe espagnole. V.S. travaille jusqu’à l’épuisement à l’hôpital. Il travaille aussi activement à ses manuscrits : Thibet, Chine, la grande statuaire. Dès l’armistice, tente de faire avancer son projet d’Institut de sinologie. Son état de santé s’aggrave.
1919 Janvier : hospitalisation au service de psychiatrie du Val-de-Grâce. Congé de convalescence de deux mois. Invité par Charles de Polignac dans sa propriété en Algérie de Bouzareah, près d’Alger. État dépressif aigu que V.S. avoue à Hélène Hilpert dans une série de lettres écrites du 16 février au 27 mars. Mars : nouveau congé de convalescence. Avril : V.S. reçoit enfin une réponse de Claudel à sa lettre du 3 octobre précédent, où il exprimait sans doute un certain désarroi spirituel. Lettre à Jean Lartigue dans laquelle il indique que les analyses ne révèlent aucun symptôme pathologique, et qu’il a presque totalement renoncé à l’opium. Se rend seul à la forêt de Huelgoat qu’il aimait particulièrement. Va à Morlaix rendre visite à son ami Max Prat. Décide de poursuivre vers Paris afin de rencontrer Claudel. Mais la peur de voir Claudel exercer sa « ferveur apostolique » lui fait faire demi-tour au Mans. Mai : lettre à Hélène Hilpert dans laquelle il s’efforce de définir la nature de ses sentiments et de leur attirance réciproque. Les 17-18 : séjour avec sa femme au Huelgoat. Fin mai, il écrit deux lettres, l’une à sa femme, l’autre à Hélène Hilpert, la première exprimant une confiance dans l’avenir, la seconde avouant un épuisement physique total. Le 21, il quitte l’hôtel d’Angleterre muni d’un repas froid et se rend dans la forêt. Comme il n’est pas rentré depuis deux jours, sa femme arrive de Brest et se rend immédiatement avec Hélène Hilpert à un de leurs « endroits consacrés ». Son corps gît sans vie, blessé au talon. V.S. avait confectionné un garrot de fortune. 26 mai : cérémonie religieuse au Huelgoat et enterrement dans le cimetière local.