Yannick le Marec dénonce dans ce livre « […] cette manie du monde occidental de toujours vouloir s’accaparer, quitte à détruire ». Loti et Segalen, assimilés aux puissances européennes qui se sont emparé des richesses des peuples colonisés, sont replacés dans ce contexte.
Sont évoquées diverses circonstances où les Occidentaux emportèrent impunément quantité de biens précieux comme en Chine lors du sac du palais d’Été en 1860 et de la répression du soulèvement des Boxers en 1900.
Le thème de la décapitation d’hommes ou de statues, mis en parallèle, jalonne le livre ; les fils conducteurs en sont les voyages et les écrits des deux auteurs, Yannick Le Marec interrogeant l’attitude des Occidentaux à l’égard des populations locales.
Il relève cependant le sentiment de culpabilité éprouvé par Loti et Segalen en tant que témoins ou acteurs d’un acte répréhensible. Les lecteurs de Segalen le savent (voir La Tête) et regretteront, par exemple, que soit passé sous silence son projet de créer à Pékin une fondation sinologique dédiée à la statuaire chinoise.
Le procès est instruit à charge au prix de raccourcis discutables, mais il contribue à nous ouvrir les yeux sur l’origine des trésors qui se trouvent en notre possession.